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Articles de presse20 mai 2015

ECOUTEZ-VOUS REELLEMENT VOTRE CHIEN ?

J’ai beau continuer à analyser avec une attention toute particulière cette relation que les hommes entretiennent avec celui qu’ils qualifient comme étant le plus fidèle des compagnons ; le constat que je fais reste toujours et indubitablement le même.

Peu importe les différences de langages, de morphologie, de classe sociale, de handicap et toutes les autres d’ailleurs : « Tous les maîtres communiquent avec leurs chiens ! ».

En réalité, il ne fait aucun doute que l’animal en fait de même au quotidien. En effet, ce dernier fait régulièrement état de ses émotions, de ses envies, de ses besoins, de ses angoisses ou encore de ses douleurs. Ainsi, prendre le temps d’observer avec un regard bienveillant et scrupuleux les très nombreux signaux que le chien nous transmet, fait véritablement partie de ce que j’appellerais : notre responsabilité relationnelle.

 Aujourd’hui on fait malheureusement exclusivement appel à mes services de comportementaliste lorsque les propriétaires rencontrent des problèmes avec leurs animaux. Aboiements intempestifs et/ou gémissements, malpropretés, automutilations ou encore agressivité sont les principales raisons qui font que l’on me sollicite dans ce cadre de compétences. Pourtant, préparer au préalable l’arrivée d’un chien dans sa nouvelle famille en sensibilisant les membres à quelques règles et méthodes de communication interspécifique éviterait bien des conséquences aux issues parfois désastreuses.

Dans la majorité des cas que j’ai pu avoir la chance de rencontrer, l’humain ne parvient pas à percevoir ou à comprendre les signaux envoyés par l’animal. Parfois même, il les interprète d’une très mauvaise manière. Par exemple, j’ai vu une propriétaire accuser son chien d’être agressif, tandis que ce dernier âgé de quelques mois seulement était simplement ravi de sortir se promener. Lorsqu’il voyait la laisse, l’animal était tellement content qu’il tentait de l’attraper dans les mains de Madame. Emporté par l’excitation et la fougue de son jeune âge, le chiot je dois bien l’avouer manquait cruellement de délicatesse et attrapait au final davantage les doigts de sa maîtresse ; mais c’était là son seul crime. Quelques conseils d’éducation ont permis de résoudre très rapidement cette affaire.

Je pourrais quasiment citer autant de situations épiques que de consultations menées. Ces erreurs d’interprétations sont fréquentes et véritablement néfastes pour la relation qui unit l’Homme à son compagnon.

Au final et l’on pourrait en dire autant pour l’intégralité des relations humaines, les difficultés rencontrées résultent très souvent d’un véritable manque d’observation mais aussi de connaissance ; une forme d’écoute active et bienveillante.

 UN LANGAGE SPECIFIQUE A CHAQUE ESPECE

Les différences génétiques, d’anatomie, de structure sociale, de développement cérébral, d’environnement auxquelles tant d’autres s’ajoutent encore ; obligent chaque espèce à utiliser des modes de communication adaptés. De cette façon, et tout comme nous le faisons, votre chien communique au quotidien à l’aide de différents codes/signaux très spécifiques.

En lien notamment avec l’expression de ses besoins ou encore de son état émotionnel, cette communication peut prendre des aspects variables aux significations multiples. Partant de ce postulat, en apprenant à correctement interpréter le langage canin, vous parviendrez assez simplement à mieux comprendre votre animal.

 VOTRE CHIEN VOUS PARLE !

 Les jappements, aboiements, gémissements, hurlements, grognements, ou encore grondements sont quelques déclinaisons issues de la communication sonore chez le chien.

Pour autant, il n’est pas possible d’associer à chacune de ces sonorités, une définition unique. Il est donc primordial de considérer ces dernières en concordance avec les éléments contextuels du moment pour espérer les traduire du mieux possible. En effet, s’il n’existe pas aujourd’hui de dictionnaire formalisé des expressions canines qui je l’avoue faciliterait grandement l’interprétation de ces dernières ; c’est parce que chacune d’entre elles s’ajoute à de nombreux autres détails pour nous informer d’éléments précis dont l’animal est à l’initiative.

 La communication visuelle est également très développée chez les canidés. Ainsi les mimiques faciales, les bâillements, les léchages, la position des différentes parties du corps (appendice caudal, oreilles, tête, poils, etc.), les mouvements de l’animal ou encore le regard sont autant d’indicateurs qui nous informent de l’état dans lequel se trouve le chien.

De cette manière, on comprend alors très facilement à quel point les opérations chirurgicales qui consistent à couper une partie de la queue ou des oreilles de l’animal handicapent fortement ce dernier dans sa possibilité de communiquer efficacement avec autrui.

 DES SIGNAUX ENCORE DES SIGNAUX !

 Perdu dans mes pensées lointaines, il m’arrive encore de me surprendre en importante conversation philosophique avec mon chien. D’ailleurs, je ne m’étonne plus de rencontrer régulièrement bon nombre d’hommes et de femmes en faire autant avec leur protégé.

Dans ces instants, la petite ou gigantesque boule de poils semble écouter attentivement. Le regard fixe, la tête parfois légèrement inclinée, l’animal apparaît alors comme étantle plus adorable des convives. Quelques minutes plus tard, il n’est pas surprenant d’observer l’homme terminer son monologue avec des propos du style : « je ne sais pas pourquoi je te raconte tout cela à toi mon chien, il est évident que tu ne peux pas comprendre ! ». Pourtant il faut avouer que l’on en douterait parfois, certains étant même persuadés que nos chiens comprennent tout, grâce à ce qu’ils qualifient de « sixième sens ».

Sans parler de véritable don surnaturel, il existe une explication simple et rationnelle à ce ressenti. En effet, au moment où nous confions à notre précieux compagnon nos plus intimes secrets ; l’animal sollicite l’ensemble de ses sens pour obtenir des indications sur notre état et/ou le message que nous tentons de lui adresser. Le chien est à l’écoute d’une façon optimale. Il paraît évident que l’animal n’est pas en capacité de traduire dans son langage tous les mots de notre long et parfois interminable récit.

Cependant il est attentif aux moindres détails (intonation de la voix, regard, posture, mouvements, odeurs, etc.) qu’il rassemble pour tenter de comprendre.

En guise d’illustration je propose régulièrement ce petit test à mes clients qui de façon quasi-systématique suscite leur étonnement. « Demandez à votre chien de s’asseoir en remplaçant le vocabulaire employé habituellement, par un mot aux allures complètement farfelues et surtout sans rapport direct avec la consigne ». Par exemple, remplacer l’ordre « assis » par « caillou », « crocodile », « réfrigérateur » ou tout autre jargon issu de votre imagination. Vous constaterez dans la plupart des situations que votre fidèle compagnon s’assiéra malgré tout.

Après avoir réussi cela très souvent au bout de deux ou trois essais maximum, on peut reconduire l’expérience sans parler ! A chaque fois la réaction de l’animal semble improbable, presque magique. Le toutou finit par s’exécuter comme s’il lisait maintenant dans les pensées de son propriétaire. Il n’y a pourtant aucune forme quelconque de sorcellerie derrière cette démonstration. Le chien est capable d’intégrer quelques mots de vocabulaire que vous lui aurez répété, mais surtout il observe l’ensemble des signaux que vous émettez au moment où vous vous adressez à lui.

Ainsi quand vous formulez une consigne à votre animal, celui-ci ne considère pas uniquement les mots que vous utilisez. Il tient compte notamment du volume et du timbre de votre voix, de votre débit verbal, de votre posture, de votre gestuelle ou encore d’une foultitude d’autres signaux qu’il pourra enregistrer pour déchiffrer votre demande. Il répond ensuite de la façon qui lui paraît comme étant la plus cohérente en rapport avec ses expériences et les bénéfices ou contrariétés qui pourraient en résulter.

Consciemment et/ou de façon inconsciente, notre attitude/notre comportement même lorsque nous ne parlons pas envoie de multiples indicateurs à l’animal.

 Le langage non verbal participe donc continuellement à l’expression d’informations toutes aussi significatives et efficaces que les mots que l’on peut prononcer.

 La communication olfactive/chimique est très présente dans l’univers de nos protégés à quatre pattes. En effet, grâce à leur sens de l’odorat particulièrement développé, ils obtiennent également des indications extrêmement précieuses que l’humain est génétiquement dans l’incapacité de percevoir.

 QUELQUES OBSTACLES A CETTE COMMUNICATION INTERSPECIFIQUE :

– Le codage :

Les signes de communication n’ont pas nécessairement le même sens pour les différentes espèces.

Pour illustrer cette partie, prenons l’exemple d’un humain qui manifeste son affection à l’animal par un large sourire. Les mouvements du visage et notamment de la bouche laissent alors apparaître les babines et les dents de l’homme ; ce qui pour le canidé peut davantage représenter une indication de mal-être. Certains mouvements de queue chez un chien peuvent indiquer une véritable joie. Ces derniers, s’ils sont observés chez un chat peuvent au contraire manifester un état émotionnel plus en lien avec de la méfiance.

 – Le cadre de référence :

Le récepteur interprète/comprend le message en rapport avec ses expériences, ses apprentissages et son propre cadre de référence.

 – Les parasites :

Les bruits, les odeurs, les interruptions présents dans l’environnement au moment du message complètent ou perturbent celui-ci. Vous avez certainement déjà constaté qu’il est plus facile d’obtenir un résultat positif à une consigne donnée au chien dans un environnement calme, plutôt qu’à proximité d’un feu d’artifice ou d’un stand aux odeurs alléchantes.

Il apparaît donc essentiel de veiller à captiver l’attention de l’animal lorsque vous souhaitez lui transmettre une consigne.

 – Les conflits d’intérêts, de besoins :

Tandis que l’homme peut par exemple attendre de son chien qu’il s’arrête au moment de traverser la route pour laisser filer les dernières voitures ; l’animal peut avoir envie de courir directement vers le chat qui sollicite au même moment toute son attention.

 – L’état émotionnel de l’émetteur et du récepteur :

De différentes natures, les émotions mobilisent une énergie considérable. Elles réduisent provisoirement mais aussi considérablement les capacités d’écoute et de transmission en direction de l’autre.

Vous êtes épuisé par une difficile journée de travail et vous venez d’apprendre que votre époux/se demande le divorce. En rentrant à votre domicile, vous vous apercevez que votre chien a percé le tuyau d’évacuation de la machine à laver, provoquant ainsi une inondation dans deux des pièces de l’appartement. En plus de cela, comme si ce n’était pas suffisant, il a complètement détruit votre canapé et abondamment uriné dans le séjour.

Malgré la surprise à votre arrivée, votre réaction sur le moment ne sera probablement pas la même si vous êtes en vacances et que vous venez de gagner plusieurs millions à un jeu de hasard.

Attention, une mauvaise interprétation des signaux envoyés par le chien ou encore le non-respect de ses besoins, de ses émotions peut entraîner très rapidement des conduites agressives caractérisées par de graves morsures dont en définitif l’homme est responsable.

 Au final, ce qui apparaît véritablement important dans la communication, c’est ce que l’autre comprend et non pas ce que l’on cherche à transmettre.

 Le chien mémorise des situations et associe des éléments qu’il utilise pour anticiper.

Certaines notions telles que la méchanceté par exemple (dans le sens de la volonté de nuire) demeurent exclusivement « humaines » et ne peuvent donc pas être reprochées à l’animal.

 En conclusion, je dirais que « nous avons tous un rôle à jouer dans les relations ! »

Dans le cadre de celles qui nous unissent à nos animaux, visant un bien-être partagé mais également et surtout durable, je vous propose d’appliquer ma méthode D.O.G.S.©

A n’en pas douter, la mise en application de cette forme d’écoute au sein de votre binôme homme-chien apportera rapidement unréel bénéfice dans la relation entretenue avec ce dernier.

MA METHODE POUR ECOUTER VOTRE CHIEN : D.O.G.S.©

Demandez-vous ce que votre chien exprime, ses émotions du moment, quelle peut être sa demande, son besoin.

Observez le contexte et tous les signaux envoyés par votre animal.

Gérez votre propre état émotionnel (fatigue, énervement, excitation, etc.).

Evitez rigoureusement toute violence physique qui très souvent a pour conséquence l’accentuation ou l’apparition de problématiques comportementales.

Surtout évitez par manque de connaissance les interprétations et/ou jugements malveillants spécifiques au raisonnement humain.

De plus, facile à retenir (DOGS étant la traduction anglaise du mot CHIENS), cette démarche empathique peut s’appliquer immédiatement sans connaissance particulière et ne coûte rien !

Auteur : Clément MOEGLIN

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